Après la sorte de révélation éprouvée par JD et Charles Estienne à Châteauneuf-du-Faou lorsqu’ils découvrent ensemble l’œuvre et les écrits de Paul Sérusier, JD est à tel point influencé par le théoricien nabi, qu’appliquant ses formules à la lettre, il le démarque totalement pendant plus d’un an, allant jusqu’à peindre les paysages de la vallée de l’Aulne du même point de vue…
Mais il sait aussi, grâce à « l’ABC de la peinture », que c’est seulement une période passagère. il doit ensuite « prendre possession de lui-même », « créer des formes nouvelles ».
« les formules restent utiles tant que subsiste l’idée qui leur a donné naissance. Plus tard, elles deviennent un mécanisme inintelligent; il faut alors les abandonner. » (p. Sérusier).
JD abandonne le code formel nabi en 1943, mais il est d’accord – et il le restera toujours – avec la conception spiritualiste et individualiste de l’art défendu par Sérusier. Il revendique pour lui aussi les trois points fondamentaux du Nabisme exposés en 1890 par Maurice Denis dans son fameux article d’Art et critique, et résumé par lui-même quelques années après : « Le tableau, une surface plane recouverte de couleurs dans un certain ordre assemblées; l’art, sanctification de la nature; l’expression par l’oeuvre elle-même et non par le sujet représenté. » (théories 1890-1910, bibliothèque de l’occident).
C’est justement dans la mesure où le Nabisme n’est pas un mouvement comme les autres, c’est-à-dire fermé sur lui-même, mais plutôt une conception ouverte de l’art, qu’il a donné, à un peintre du milieu du XXème siècle comme JD, les moyens de traduire selon son tempérament, selon son époque et sur le mode abstrait, l’harmonie de la nature et sa relation fervente à l’univers.