1911, Jean Deyrolle naît le 20 août près de Paris, à Nogent-sur-Marne, où son père, médecin famille militaire, est en garnison.
C’est le benjamin et cinquième enfant d’Étienne Deyrolle et de Jeanne Moallic. Son père est licencié ès sciences, archéologue et peintre amateur.
Concarneau, la maison vers 1900
La famille Deyrolle est d’origine bretonne, de Concarneau, dans le Finistère.
1912, À la suite d’autres affectations, la famille s’installe à Vannes, puis à Quimper.
Sur la digue de Concarneau avec sa mère
1924, Mort de son père. Deyrolle va vivre alors chez sa grand-mère à Concarneau.
1929, Il entre en octobre à l’école « Art et Publicité » à Paris, dont il suit les cours pendant trois ans.
Ses vacances se passent à Concarneau. Il y rencontre un ancien élève de son grand-père, Lionel Floch, qui lui donne quelques conseils et lui apprend les rudiments de la peinture.
1932, Ayant terminé ses études et un diplôme en poche, il se donne deux ans pour voyager, puis retourne à Concarneau et commence à peindre en autodidacte, travaillant parfois avec sa cousine Jeannine Guillou.
1933, Jean Deyrolle expose au Salon des Artistes Français.
1934, Ayant obtenu une bourse d’études qui lui permet d’avoir un atelier pendant deux mois à Rabat, il part en novembre pour l’Afrique du Nord. Il y reste quatre ans, revenant cependant passer les mois d’été en Cornouailles. il fait une quinzaine d’expositions au Maroc et en Bretagne. Rencontre de Nicolas de Staël avec qui il voyage en Algérie.
1936, Il retrouve Jeannine, son mari, le polonais Olek Teslar, qui parcourent le Maroc à dos d’âne.
En mai, il expose à Fez, puis revient en Bretagne. Il fait pour la première fois une exposition à Concarneau en septembre et en octobre, avant de repartir pour l’Afrique du nord. Quant il revoit Jeannine, elle a quitté son mari il vit avec Nicolas de Staël, dont elle partagera l’existence jusqu’à ce qu’elle meurt en 1946. Jean sympathise avec Nicolas il voyageait avec le couple à travers le Maroc et l’Algérie.
1937, Avec eux, il partage la vie des autochtones, vivant de peu, peignant au hasard des déplacements. Il travaille vite à l’aquarelle ou à la peinture à l’huile des scènes de la vie quotidienne. C’est pendant toute cette période qu’il met en pratique les leçons de l’école de la rue de Fleurus, développant ses facultés d’observation.En juin, il revient à Concarneau par l’Espagne, en pleine guerre civile. Il expose ses peintures à Brest chez Mme Saluden, qui après avoir souvent fait des expositions de Théophile Deyrolle, en fait une de son petit-fils.
1938, Il rentre définitivement en France fin mars, s’installe à Concarneau ou Il dispose d’un atelier dans la maison de famille. Il retrouve par hasard Odile Vacherot mariée avec Charles Estienne. Celui–ci va lui présenter Mme Sérusier.
1939, en juin il a deux expositions, l’une à Quimper galerie l’écuyer, l’autre à Lorient, galerie Apart.
1940, mobilisé en avril puis démobilisé en septembre, il rejoint de nouveau Concarneau.
Il fait la connaissance de Colette carré, fille du marchand de tableaux.
1941, Il approfondit les théories de Paul Sérusier. Influence passagère mais intense du théoricien d’une nabisme.
Si c’est l’époque de la recherche de l’analyse et du symbolisme des couleurs et de la construction rigoureuse des compositions, c’est aussi l’époque de la recherche des nourritures terrestres : toujours à bicyclette, il parcourt la Bretagne pour trouver du beurre, des œufs et du fromage, des poules et des lapins.
1942, Départ pour Paris, locations d’un atelier 63, rue Daguerre, qu’il garde jusqu’à sa mort.
Rencontre de Jeanne bûcher et de César Domela.
1943, Recherche d’une expression différente par la déformation de l’objet. Grâce à Domela, il se dégage progressivement de la figuration.
A Pâques, il va passer quelques jours à Concarneau. Mais il est bloqué en Bretagne par les combats de la libération et ne revient à Paris qu’en octobre. Il y retrouve Jeannine et Nicolas de Staël qui s’y sont eux-mêmes installés en septembre. Chez eux il y fait la connaissance d’André Lanskoy et du poète Pierre Reverdy.
1944, Rencontres d’Olivier le Corneur grâce à qui il va se familiariser avec les objets d’arts primitifs et d’Alberto Magnelli.
Jean Deyrolle « passe la ligne » et expose comme peintre abstrait ou salon d’automne de la libération. Jeanne Bucher acquiert ces premières peintures non-figuratives.
1945, Son envoi au salon des surindépendants est remarqué par Wilhelm Von Uhde qui commence à collectionner ses tableaux.
1946, Jean Deyrolle se groupe avec quatre autres jeunes peintres : Dewasne, Hartung, Marie Raymond,et Schneider. Ils exposent ensemble leurs « peintures abstraites » à la galerie Denise René qui n’a pas encore une orientation précise… Gilioli, Poliakoff et Vasarely les rejoignent. Tous les jeudis, ils se retrouvent à la galerie et passent la soirée ensemble.
JD participe au « Centre de recherche » de la rue Cujas, crée par Domela. Il participe à une série d’expositions consacrées à l’art abstrait qui attire de février à juillet des milliers de visiteurs.
Jean Deyrolle reçoit le prix Kandinsky décerné pour la première fois. Pendant la douzaine d’année qui suit, il participe aux principales manifestations collectives d’art abstrait organisées en France et dans le monde.
1947, En descendant à Collioure avec son ami Dewasne, il découvre Gordes (découvert par André Lhote un peu avant la guerre).
Olivier le Corneur achète une ruine l’été suivant où, dans le grenier Jean installe un atelier provisoire (qui durera 11 ans).
Aux peintures de l’époque « Uhde », succèdent maintenant les toiles de l’époque « gordienne ». (Charles Estienne).
La maison de la fontaine Basse, Gordes
1948, Toujours à vélo, et par petites étapes, Jean Deyrolle descend de plus en plus souvent à Gordes. Et cet été là de nombreux amis de la galerie Denise René se retrouvent à Gordes. Denise rené, Léon Degand, Poliakoff, Gilioli, Vasarely (qui achète un groupe de Bories) et Charles Estienne.
C’est au retour à Paris, à l’automne, que commence la deuxième période qui durera jusqu’aux environs de 1953.
Période pendant laquelle il utilise le nombre d’Or pour construire ses composition afin de se libérer des derniers vestiges de figuration. Parmi les principales séries : « imbrications géométriques », « les pierres », « les rois du lino ». Il recherche alors une plus grande participation du spectateur en lui donnant la possibilité de jouer optiquement avec les différentes formes du tableau afin qu’il crée lui-même un « espace mouvant ».
Gordes, sur la terrasse de son atelier
1949, A la suite de la rencontre de Robert Jacobsen à Paris, premier long séjour de Jean Deyrolle à Copenhague à l’occasion de son exposition chez Birch, et premier album de lithographie dans l’atelier Christian Sorensen.
Il participe à 14 expositions de groupe, notamment à Paris, Copenhague, Malmö, Londres, Florence, Vienne, Innsbruck, new York, Chicago, Buenos-Aires, Rio de Janeiro, et Sào Paulo.
1950, Premier séjour en Allemagne pour son exposition chez Otto Ralfs à Brunswick.
Puis, mi-juin, retour au Danemark chez Sorensen, pour un nouvel album de 6 lithographies.
1951, Jean Deyrolle abandonne la peinture à l’huile et adopte définitivement la technique de la tempéra, ce qui modifie profondément sa palette et sa technique.
1952, Il est représenté dans 17 expositions de groupe en France et à l’étranger. Brest, Rennes et Bruxelles.
Deux tapisseries seront tissées à Aubusson, par les lissiers Tabard frères et sœurs, d’après des cartons de Deyrolle.
Il enseigne pendant un an à l’académie Montmartre dirigée par Fernand Léger.
Invité à la biennale de Menton. Apparition vers Pâques d’une nouvelle série charnière « les chats dans le placard », où le problème d’espace mouvant perdre son importance.
1954, Début de la quatrième période qui dure jusqu’en 1962. « C’est le retour à un certain romantisme et la touche devient plus personnelle » (Deyrolle)
1955, premier Grand prix à la troisième biennale de Menton.
Jean Deyrolle confie plusieurs cartons de tapisseries à Marie Moulinier, une amie de l’École Art et Publicité. Sa méthode adaptée de la lirette lui plait tellement qu’il lui en fera faire trois autres.
1956, Première rétrospective au Palais des beaux-Arts de Bruxelles, qui sera présentée ensuite dans trois musées danois.
1957, Comme chaque année, Jean Deyrolle participe à une vingtaine d’expositions de groupe.
Biennale de Sao Paulo. Diplôme d’honneur à la triennale de Milan.
Découverte de nouvelles possibilités d’expression, d’une grande efficacité plastique, par la transposition sur le mode abstrait de son émotion devant « le spectacle de la nature ». Le geste prend une importance plus grande.
1958, Médaille d’argent à l’exposition international de Bruxelles.
Construction d’un atelier à Gordes. Premier voyage en Italie.
1959, Jean Deyrolle accepte un poste de professeur à l’Académie de Munich. Cette nomination, et les déplacements que cela entraîne, contribue en partie à sa décision de s’installer complètement à Gordes, loin de Paris, pour y travailler dans le calme.
1960, Biennale de Venise. Il est nommé chevalier des arts et des lettres.
Son état de santé empire à la suite d’une insuffisance rénale.
Il décide de s’installer définitivement à Gordes. Il ne fera plus que de brefs séjours à Paris et à l’étranger, principalement Munich pour y donner ses cours.
1961, Biennale de Tokyo et de Sao Paulo. Il organise un séminaire d’été à Gordes pour ses élèves. L’effet sur sa peinture des séjours en Bavière se manifeste dans la série « Barocco ».
1962, Deuxième voyage en Italie les visites de Vérone, Vicence et Venise. Début de l’expérience du rêve éveillé en novembre sous le contrôle du professeur Jacques Deniau qui durera une quinzaine de mois, et répercussions sur une série de toiles qui présentent toute de façon plus ou moins nette des figures anthropomorphes. Ces séances provoquent dans sa peinture un léger et inconscient retour à la figuration.
Il fait remonter les murs d’une ancienne ruine située en face de son atelier qu’il avait acheté en 1961.
Nouvelle exposition à Milan, galleria del Grattacielo.
1963, Début de la cinquième et dernière période. Il réalise la synthèse de ces recherches précédentes. Le cercle réapparaît dans les compositions.
En hommage à Brancusi, il sculpte et polit des galets ramassés sur les bords de la Durance. Ces trois galets seront coulés en bronze.
1964, Invité d’honneur à la biennale de menton.
Sur la demande du professeur Meyerson, il fait un exposé sur son travail de peintre au centre de recherche de psychologie comparative.
dans son atelier à Munich, 1964
1965, un voyage de nuit en voiture sur l’autoroute du sud (la clarté lunaire qui donne aux choses un aspect de l’aile, le paysage vu à travers les reflets du pare-brise, le jeu des phares dans le lointain ou leur côté irisé lors des croisements…) provoque la création d’une série de peintures intitulée « autoroutes » qui laissera des traces sensibles dans les toiles des deux dernières années.
Pendant ses séjours à Munich, il va quelquefois dans l’atelier de fonderie et réalise pour se délasser deux sculptures en bronze selon le procédé de la cire perdue.
Le cercle réapparaît dans ses compositions. A Paris, la galerie Bongers présente successivement deux expositions de Jean Deyrolle. En octobre il fait une exposition personnelle à la galerie Hybler à tout ce petit Copenhague, où toutes les étoiles sont vendues.
1966, Première rétrospective à la galerie Denise René. Livre avec Robert Pinget « Cette Chose ». Voyage de deux mois en Grèce et dans les îles des Cyclades. Série des cercles transpercés d’une faille oblique.
1967, Son état de santé qui s’altérait depuis plusieurs années empire brusquement. Il est fin avril dans l’obligation d’aller habiter à Toulon pour y suivre un traitement de dialyse. Il loue un appartement dominant la rade, il recommence à peindre (série des voilures), travaille au projet de livre avec Samuel Beckett, et il fait même le trajet jusqu’à Munich pour donner son dernier cours du semestre…
Au cours d’une séance de dialyse, le 30 août, Jean meurt d’une crise cardiaque. Il vient d’avoir 56 ans.
Sa tombe, dont la croix a été réalisée par son ami Robert Jacobsen, se trouve au cimetière de Gordes.