Critique d’art et collectionneur d’origine allemande (1874-1947). Uhde s’installe en France au début du siècle. Il est dès 1905 l’un des premiers acheteurs de Picasso, de Braque et du Douanier Rousseau. Ses peintures sont mises sous séquestre par les français en 1914, et vendues comme « biens allemands » en 1921. Il commence après la guerre une nouvelle collection (s’intéressant cette fois aux œuvres « naïves » de Séraphine de Senlis, de Bombois, de Vivin…) qui sera presque entièrement dispersée par les nazis sous l’occupation. En 1945, il découvre Jean Deyrolle au Salon des Surindépendants, et lui achète aussitôt des tableaux. A sa mort deux ans plus tard, il possède 25 œuvres du peintre.
C’est Charles Estienne qui, dans son article de 1950 utilise pour la première fois l’expression « époque Uhde » pour désigner les tableaux peints par Jean Deyrolle à partir du moment où, en 1944, il décide d’entrer dans l’abstraction, jusqu’à la découverte de Gordes en 1947 – Ce qui modifie notablement les structures des compositions et a palette du peintre. Les toiles de l’époque Uhde, souvent très sombres, avec des effets de matière, sont intéressantes parce qu’elles sont encore empreintes de figuration, en dépit du désir du peintre, et qu’elles permettent de bien voir son cheminement au début de la voie abstraite.