Image visuelle et image mentale

Idée exprimée par Sérusier dans ABC de la peinture – et que JD reprend à son compte – sur le processus de transformation de l’image naturaliste reçue par le peintre en celle, métamorphosée, qu’il propose sur la toile. Il y a tout d’abord simplification du fait de la reproduction sur la surface plane à deux dimensions du tableau. A cette réduction de « l’image visuelle primitive », s’ajoutent les modifications dues à la mémoire, aux sentiments individuels (beauté ou laideur, idée de l’harmonie),enfin aux états psychologiques et physiologiques de chacun (la « sensibilité ») variable par définition. Tous ces facteurs d’importance inégale agissent sur l’image primitive au point de la changer en une « image mentale » que l’artiste élabore pendant son travail sur la toile.

Ayant choisi de s’exprimer sur le mode abstrait, il n’est plus question pour JD, surtout après 1948, de peindre cette image mentale issue de l’image visuelle primitive, même si celle-ci est changée au point d’être indécelable. ce n’est qu’après beaucoup de tâtonnements et de persévérance qu’il trouvera vers 1957 ce maillon qui lui manquait dans la chaîne abstraite. En 1960, il confie à Jean Grenier : « Je crois que l’abstraction est à base de sentiment. Ce qui m’a été difficile, c’est d’en prendre conscience. »