(Brest 1908 – Paris 1966)
Professeur d’histoire et de géographie, Estienne fait au printemps la connaissance de JD grâce à une de ses collègues professeur à Brest, Odile Vacherot, qu’il épouse quelques mois plus tard. Passionné de peinture, il se lie très vite d’amitié avec JD. Ensemble, ils découvrent en 1941 l’œuvre et les écrits de Paul Sérusier. Trois ans plus tard, JD « passe la ligne » de l’abstraction ; il présente Estienne à Domela, à Lanskoy, à Magnelli, à Nicolas de Stael… Nommé à Paris, Charles Estienne tient alors la rubrique artistique de l’hebdomadaire de Henri Thomas, Terre des Hommes, pour lequel JD fait des illustrations afin de gagner un peu d’argent… Après la disparition du journal, Estienne entre à Combat; il collabore aussi à Art d’Aujourd’hui et à l’Observateur (plus tard France Observateur). C’est aux éditions de Beaune, dirigées par Suzanne de Coninck, que Charles Estienne fait paraitre en 1950 son Pamphlet L’art abstrait est-il un académisme ?, contribuant ainsi à déclencher la querelle du chaud et du froid. L’année suivante, il fait publier aux mêmes éditions l’ouvrage de Kandinsky, Du spirituel dans l’art.
Estienne et JD resteront très proches jusqu’au début des années cinquante, le critique d’art défendant par la suite la nouvelle tendance « tachiste »… JD participe à beaucoup d’expositions de groupe organisées par Estienne : « Peinture et poésie » à la galerie des Deux iles, « Peintures et sculptures abstraites » chez Colette Allendy, « Peinture de la nouelle école de Paris » à la galerie de Babylone, « la rose de l’insulte » à la Hune, « Perennité de l’art gaulois » au Musée pédagogique (en 1955)…
« Deyrolle est authentiquement abstrait, puisquʼil n’éprouve aucun besoin de partir des données extérieures du monde extérieur, et que, pour lui, le problème consiste à partir de données purement plastiques
pour aboutir à un fait plastique pur ; je précise, à un fait esthétique basé sur des éléments plastiques rigoureusement et strictement purs… Mais, entre ces deux pôles, il y a la gamme – infinie, au pied de la lettre –
des émotions et des sentiments que lʼon éprouve en étant au monde et dans le monde. Cʼen est assez, si lʼon peut dire, pour laisser à la porte les exercices de style et donner, à l’œuvre plastique, cette pluralité de signification, cette harmonie qui est celle des rythmes naturels, cette respiration enfin et cette sorte dʼaise où lʼon connait que Deyrolle est entré en possession et en maîtrise du domaine dʼart et de monde, quʼil a entrepris de défricher… ” [“ Jean Deyrolle ou la
continuité de la Peinture ”, Art dʼAujourdhui, avril-mai 1951.