Pour JD, le geste n’est pas le fait de la seule main. Selon l’importance qu’il veut donner à une ligne ou à une forme, selon surtout le degré d’expressivité qu’il veut atteindre, il fait sortir son trait du blocage des doigts ou du poignet, du bras ou de l’épaule. Et lorsqu’il veut exprimer le maximum de plénitude, projetant tout son poids dans le tracé, c’est son corps entier qu’il fait participer.
Une série de photographies, prises en 1960 par Izis, Montre JD en train de travailler : Il tourne d’abord autour de la toile posée à même le sol de l’atelier, utilisant un chiffon, des brosses, des couteaux à peindre pour poser la couleur, avant de continuer sa besogne sur le chevalet. Pour Braque, le tableau devait effacer l’idée. Pour JD, » le tableau se fait sur la toile ». C’est durant le travail, hic et nunc, que le peintre associe l’émotion, le raisonnement et la maîtrise physique. vers la fin des années cinquante, un graphisme où le geste est encore très perceptible, s’introduit dans les compositions comme un élément baroque, c’est-à-dire qu’il ne correspond plus forcément aux « formes », les contrariant même parfois. Mais plus généralement, dans ce jeu de traits labyrinthique, le caractère linéaire des lignes brisées qui qui se recoupent est en quelque sorte estompé par les images de plans qu’elles circonscrivent ainsi sur la toile au moyen de leur propre tracé. Ni ligne, ni surface, mais trace du geste conduit à la lisère de la forme et de la couleur, cette ambivalence engendre une étonnante légèreté de figure.