Le Nombre d’Or est un système esthétique des proportions qui remontaient à Pythagore… Il est basé sur l’idée que le Nombre est l’essence de la Forme – aussi bien dans le monde perceptible que dans le domaine de l’idée pure. Il est appliqué dans les arts plastiques pour établir des rapports harmonieux entre les différentes parties d’une composition, et entre chacune de ses parties et l’ensemble. Il repose essentiellement sur les nombres premiers les plus simples, mais leurs produits, leurs carrés et leurs racines carrées. A l’époque où il était influencé par Sérusier, JD s’était déjà un peu intéressé au Nombre d’Or, mais il l’utilise de façon beaucoup plus méthodique au début de sa période puriste. A l’automne 1948, lors de sa première exposition personnelle depuis qu’il est devenu abstrait, il dresse un bilan sans complaisance de son activité; il constate, avec l’expérience acquise, qu’il a encore inconsciemment tendance à se référer à la logique figurative. Il reconnaitra un peu plus tard que certains tableaux qu’il avait considérés comme abstraits au moment de leur création étaient en fait des natures mortes. « Si je faisais un cercle, il demeurait quand même une orange… » (JD, 1964). Pour éliminer ces vestiges, il va donc s’astreindre à une stricte discipline, se privant des « délices de la matière », et se pliant à l’ascèse de la Loi du Nombre.
Il trace d’abord des sortes de grilles orthogonales aux rapports rigoureusement calculés dans lesquels il insère les différents éléments de sa composition, mais le réseau des lignes verticales, horizontales et diagonales ayant servi à la construction disparait lorsque le tableau est terminé.
D’autre part , JD prend grand soin de ne favoriser aucune dorme. En effet, si des formes sont « privilégiées », elles deviennent an quelques sortes « positives », ont tendance à venir en avant, et par contrecoup, elles font passer les autres formes à l’état négatif. (C’est le problème de la figure et du fond en peinture figurative). Donc JD traite toute les formes sur un plan d’égalité, d’où une ambivalence qui permet un va et vient optique. Le spectateur peut ainsi multiplier ses sensations dans une sorte de jeu cinétique.