Tempera

La tempera, aussi appelée détrempe , est une technique très ancienne de peinture – déjà utilisée par les primitifs italiens – où la couleur en poudre est délayée, « détrempée », avec un médium à l’eau additionné d’un agglutinant. Suivant la nature de ce liant (colle, oeuf, gomme…) et des autres ingrédients entrant dans la préparation (huile, essence, vinaigre…), et selon leurs proportions, on obtient différentes formes de tempera. Comme Sérusier, comme Magnelli, JD apprécie les peintures qui ne brillents pas, et la tempera lui offre la possibilité d’une matité parfaite. Après avoir fait des essais pendant des années, il met au point sa propre formule, et en mai 1951, il abandonne la peinture à l’huile traditionnelle pour peindre définitivement à tempera. Ce choix provoque un changement notable : ses tableaux présentent désormais des tons plus frais, plus éclatants, à la fois mats et transparents. Pour confectionner 2 litres de medium, JD emploie 8 œufs, 1/2 litre d’huile de lin, 1/2 litre d’acide acétique ou de vinaigre blanc et 1/2 litre d’eau (*). Il obtient une émulsion parfaite en mélangeant d’abord l’huile aux jaunes d’œufs, comme pour faire une mayonnaise (c’est d’ailleurs ainsi qu’il appelle sa préparation); d’autre part, il bat les blancs d’œufs avec de l’eau et le vinaigre additionnés; enfin, il mélange le tout avec un fouet mécanique réservé à cet usage, et met en bouteille? Au moment du travail, il utilise un peu de cette mixture pour détremper et pour lier la couleur en poudre en broyant soigneusement le tout sur le dessus du marbre d’une console ancienne qui lui sert de palette.

Il achète chez Sennelier les couleurs en poudre de la meilleure qualité. Il s’en tient aux huit ou dix tons de base avec leurs variantes claires ou foncées, éliminant les pigments peu solides (comme les laques, les garances, les chromes), et toutes les couleurs dites d’imitation. En général il ne mélange pas les terres et la cadmiums.

  • a titre de comparaison, la recette de la détrempe des bénédictins de Beuron donnée par Sérusier à Maurice Denis comprend (en rétablissant l’équivalence pour 2 litres de préparation) : 20 œufs, 1/4 de litre de vinaigre, 1/4 de litre d’eau, 1/4 de litre composé au 7/10ème d’huile et le reste d’essence.